Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours profondément aimé la danse. Sur scène, lors de multiples spectacles auxquels je participais, je partageais cette passion qui me permettait de m’évader un court instant des pensées sombres qui me tourmentaient.
En réponse à ma participation au concours « Cégep en spectacle » en 2010, qui d’ailleurs était ma seule fierté de mon passage à cet institut, une propriétaire d’école de danses latines m’avait offert un emploi pour enseigner à ses côtés.
Cette offre complètement inattendue était le début d’une nouvelle vie et, par le fait même, l’accomplissement d’un rêve que je désirais accomplir. Je me souviens que j’avais l’impression de rêver et devais me pincer pour revenir à la réalité.
Je croyais vivre l’apogée de ma vie et être la plus heureuse sur la terre. Vous devinerez facilement que j’ai accepté, avec grand plaisir, l’opportunité d’être rémunérée pour partager ma plus grande passion.
Lorsque j’enseignais, j’y mettais tout mon cœur. En effet, j’étais très reconnaissante à la vie de pouvoir enfin faire ce que je croyais être le métier qui me comblerait en totalité. J’appliquais tellement d’efforts et de temps à vouloir me perfectionner parce que je souhaitais avoir une bonne réputation auprès des client(e)s. En réalité, ce que je désirais, au fond de moi-même, c’était d’être la meilleure et c’était plus fort que moi.
J’ai vite gagné en popularité et mes cours étaient toujours complets. Malgré les compliments qui affluaient et l’impression de devenir quelqu’un d’important, quelque chose revenait sans cesse, ce vide, que je croyais avoir comblé avec ce nouvel emploi longtemps rêvé.
C’est étrange à quel point la quantité n’était jamais suffisante. J’avais 30 élèves, j’en voulais 40, et ainsi de suite. Mon cœur était rassasié en surface, mais jamais en profondeur. Tel un lavabo que l’on souhaite remplir, mais qui contient une fuite, tel était l’état de mon cœur.
J’étais pourtant bien d’un point de vue de la société : en couple, en bonne santé, jeune et fringante, appréciée de mes élèves et de ma patronne. Je faisais mille et une prestations régulièrement, démontrant mes talents au plus grand nombre et me donnant l’impression d’être quelqu’un d’important.
- Que pouvais-je demander de plus ?
- Pourquoi avais-je l’impression qu’il me manquait toujours une pièce au puzzle ?
- Qu’est-ce que je n’avais pas encore compris ?
- Pourquoi l’herbe semblait-elle toujours plus verte chez le voisin ?
Quelque chose en moi demeurait toujours insatisfait et souhaitait aller puiser ailleurs, pour voir si le vrai bonheur n’y était pas.
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